mardi 13 mai 2014

Nuclaire, mais différement...

13 mai, camp 23
Distance aujourd'hui : 309 km
Totale distance : 1838 km
Position: 77.021 N 51.731 W, alt 2390m
temps de progression : 13h30

Faux départ : il y a 2 jours nous n'avions parcouru que 300m, comme l'a écrit Mika. Mais la journée n'était pour autant pas finie ; le vent s'est levé pendant la nuit, alors nous avons tout rangé en vitesse, aux heures les plus froides, pour prendre le départ. Après seulement 5km, j'ai eu besoin de nettoyer mon masque. Pendant ce temps, la sécurité de ma voile Speed 3 19m2 s'est détachée sans que je comprenne pourquoi ; les fils se sont emmêlés. Le temps de tout démêler, Mika commençait sérieusement à avoir froid aux pieds ; nous avons alors monté le camp une deuxième fois, il fallait se réchauffer. Nous avions parcouru 5km supplémentaire, une misère !

Nous nous sommes du coup levés plutôt tard hier matin, sachant qu'à priori les conditions seraient les meilleures en soirée. Le vent était un peu plus fort que prévu. Après avoir démarré la session avec 10m2 de voilure pour une longueur de ligne de 21m, il nous a fallu, après 40km, allonger 33m. Le vent n'était pas simplement plus fort ; il était aussi dans une direction plus favorable à notre progression que ces derniers jours (est), ce qui nous a fait faire des kilomètres rapidement. Après notre première vraie pause au bout de 140km, nous avions compris que toutes les conditions étaient réunies pour parcourir une bonne distance aujourd'hui. Et nous en avions vraiment besoin : Marc nous a bien fait comprendre qu'il nous fallait absolument attraper les 78°N d'ici à mercredi afin d'éviter une nouvelle pétole !

Les kilomètres défilaient alors à une vitesse presque constante d'environ 30km/h. Au bout de 240km, nous faisions une autre pause pour boire un thé chaud ; nous savions que nous pouvions encore gagner des kilomètres. En début de matinée, les vents tournaient vers le sud. Après une longue distance parcourue grâce à des vents de traîne, nous étions contents de monter le camp et de nous coucher. C’était la journée la plus prolifique du voyage !

Nous avions commencé sur une surface plate avec quelques paquets de neige ici et là. À mesure que nous progressions, le terrain devenait de plus en plus ondulé, comme si nous voyagions sur un océan glacé et sa douce houle. Puis nous avons traversé une grande zone de sastrugas bien formés, bien aiguisés, qui faisaient sauter les pulkas, et nous inquiétait quant au matériel qui brinquebalait à l’intérieur. Ce sont ensuite de grandes ondulations ici et là qui ont fait voler nos pulkas, comme si elles étaient légères comme des plumes.

Nous avons maintenant passé la latitude de la base aérienne Pitufik, d'où les USA assuraient la maintenance de leurs avions équipés de têtes nucléaires pendant la guerre froide, prêts à attaquer. Ce qui devait arriver alors arriva : un des avions a brûlé et s'est écrasé sur le pack près de la base. Les théories du complot vont bon train encore aujourd'hui, et on se demande toujours si l'inventaire de l'armement nucléaire a survécu à l'accident.

Nous ne sommes également qu'à quelques kilomètres de la latitude d'un autre endroit intriguant lié à la guerre froide : Camp Century (77,1833N ; 61,1333W). Un village dans la glace avec tout ce qu'il faut, même une église et une centrale nucléaire. Vraiment. L'histoire de ce camp vaut le coup de faire une recherche internet. Vous pourriez y trouver une vidéo de propagande sur le réacteur. Très étrange, mais aussi assez intéressant. Le village a été abandonné il y a longtemps maintenant et, quand une visite lui a été rendu quelques années plus tard, la glace avait déjà détruit certaines de ses galeries.

Déjà quand j'étais à l'école primaire le nucléaire voyait naître ses premiers réfractaires. Mais à l'époque de la génération précédente, même les livres d'enfants voyaient dans le nucléaire la solution pour l'avenir, pour les bateaux, les voyages dans l'espace, les voitures...

Quand nous avons monté le camp, la source de puissance nucléaire au centre de notre système solaire illuminait la neige, poussée par une force invisible au dessus du désert de glace, dans les lumières du nouveau matin. Ces rayons très visibles sont en quelque sorte à l'origine de la force qui pousse nos kites. Ces rayons illuminent nos panneaux solaires, ce qui nous permet de rester au contact et de communiquer régulièrement. Nucléaire donc, mais différemment.

PS : les 2 premières bourdes dans les tentes sont pour moi (Cornélius) :
1) Le dentifrice contient de l'eau et gèle. Je l'ai probablement réchauffé de manière non homogène, avant utilisation. La décompression l'a fait exploser du mauvais côté, tout sur moi, rien sur la brosse à dent. Salutations à Philippe Battu qui vient probablement juste de rentrer de son expédition dans le Liverpool Land.
2) Lorsque je me suis étendu en arrière pour me reposer avant de tout ranger et de partir, j'ai renversé la tasse de café qui était sensée rendre ce moment de détente très agréable. Salutations à Thierry !





2 commentaires:

  1. Super les gars ! Continuez !
    @Cornelius : il existe du dentifrice en pôudre :-) (per-blan par ex.)
    Et des tasses à couvercle anti renversement ! :-)
    A bientôt, on pense à vous !

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  2. 300 km à l'envergie eolienne, envoyer des mails tous les jours avec l'energie solaire, c'est un prix eco label vert qu'il faut vous desserner en plus du prix de la performance !
    Bravo, continuer c'est toujours aussi passionnant de vous lire.

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