Depuis quelques années, les expéditions polaires à ski connaissent une évolution rapide grace à la pratique du snowkite. Modifiant le champ des possibles, la voile de traction implique une plus grande technicité, tant dans l’action que dans l’analyse des données météo : la logique aérologique d’un itinéraire sous-tend désormais les objectifs les plus ambitieux.
Dès les années 1990, quelques réalisations marquantes ont dû leur succès grâce à l’emploi des voiles de traction. Au début de la décennie suivante, un duo espagnol ouvrait une ère nouvelle en accomplissant, en kite et pour la première fois, une expédition polaire de grande ampleur (la 1ère traversée longitudinale du Groenland - 2300 km) ne répondant qu’à la seule logique des vents catabatiques. Quelques années plus tard, des Norvégiens confirmaient, en battant tous les records de vitesse, au Groenland et en Antarctique, l’intérêt de cette approche.
Durant l’été austral 2011-2012, un duo belge poussait le bouchon un peu plus loin et tentait la 1ère circumnavigation de la partie orientale du continent Antarctique, exploitant au maximum la logique des vents catabatiques. Après 74 jours de progression, il établissait un nouveau record mondial de distance parcourue en snowkite : 5013 km. En parallèle et pour des raisons aérologiques identiques, l’idée d’une 1ère circumnavigation de la calotte glacaire groenlandaise s’impose depuis quelques années dans le cercle étroit des kiteurs polaires.
Nous en parlions depuis quelques temps déjà. L’idée a refait surface à l’automne 2011, puis s’est progressivement installée dans nos esprits. Au printemps suivant, la décision était prise...
Nous en parlions depuis quelques temps déjà. L’idée a refait surface à l’automne 2011, puis s’est progressivement installée dans nos esprits. Au printemps suivant, la décision était prise...
Destination Groenland !
Le Groenland est la plus grande île du monde. L’inlandsis (terme d’origine danoise signifiant « glace de l’intérieur du pays ») couvre une superficie de 1 726 000 km² , soit l’équivalent de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et de la Suisse réunies. C’est la deuxième plus grande masse de glace sur Terre après l’inlandsis antarctique. Ses dimensions : 2 400 kilomètres du nord au sud et 1 000 kilomètres d’est en ouest. Son altitude moyenne est de 2 135 mètres. La glace peut atteindre l’épaisseur de 3 000 mètres au centre de l’inlandsis.
Wings over Greenland II – The Icecap Circumnavigation project
Les 2 inlandsis,
Groenland et Antarctique, sont les zones (hors mer) les plus propices
au parcours des très longues distances au moyen de la traction
éolienne.
L’intérêt majeur
d’une circumnavigation de l’inlandsis groenlandais est de
nécessiter une
logistique et un budget relativement limités pour une distance projetée supérieure à 5000 km - une expédition de même ampleur en Antarctique nécessiterait des moyens financiers et logistiques incomparablement plus élevés.
logistique et un budget relativement limités pour une distance projetée supérieure à 5000 km - une expédition de même ampleur en Antarctique nécessiterait des moyens financiers et logistiques incomparablement plus élevés.
Mais la simplicité
relative d’une circumnavigation groenlandaise s’arrête là. Pour
le reste, il s’agit bien d’une équation complexe dont les
diverses inconnues du problème sont :
• La taille modérée de l’inlandsis groenlandais génère des flux catabatiques moins importants qu’en Antarctique. Cette remarque est particulièrement valable pour la partie sud de la calotte groenlandaise : relativement étroite, elle est à l’origine de vents catabatiques atténués, en particulier dans le quart sud-est de la circumnavigation projetée.
• La méconnaissance des régimes aérologiques sur la façade orientale de l’inlandsis (aucune traversée sous voiles et de grande ampleur n’y a été réalisée à ce jour) ; les difficultés à collecter et analyser le peu de données météorologiques existantes.
• La proximité des reliefs induisant la présence potentielle de crevasses sur certains secteurs de la bordure orientale de l’inlandsis,
• Le risque de rencontrer de vastes zones de fonte de la calotte pouvant bloquer la progression dans le tiers sud de la circumnavigation à partir de début juin...
Les informations
climatiques et topographiques concernant l’inlandsis restent
parcellaires. Une
approche méthodique, mettant en oeuvre le recueil de données cartographiques (via un modèle numérique) et météorologiques (via les stations automatiques implantées sur la calotte), les traitements de ces dernières par analyses statistiques, ainsi que l’utilisation de l’imagerie satellitaire, ont été nécessaires à l’obtention d’informations de première importance concernant :
approche méthodique, mettant en oeuvre le recueil de données cartographiques (via un modèle numérique) et météorologiques (via les stations automatiques implantées sur la calotte), les traitements de ces dernières par analyses statistiques, ainsi que l’utilisation de l’imagerie satellitaire, ont été nécessaires à l’obtention d’informations de première importance concernant :
• La cartographie globale de l’inlandsis groenlandais.
• Les températures
(moyennes et probabilités en un lieu et une période donnée)
• L’aérologie
(vitesses moyennes des vents en fonction de leurs directions en un
lieu et une période données, probabilités de direction en un lieu
et une période donnée)
• La fonte de
surface (variation de l’extension quotidienne des surfaces de fonte
en fonction des années, nombre cumulé de jours de fonte en fonction
des années et du lieu)
• La topographie et
les écoulements glaciaires (détection de la présence de crevasses
dans les secteurs où l’itinéraire projeté se rapproche du relief
ou des zones de drainage glaciaire important de l’inlandsis).
Sur un plan sportif, l’expérience et l’analyse des données aérologiques montrent la nécessité d’être performant dans l’utilisation de tous les types de vent. Savoir progresser les jours de “tempête”, mais surtout par vents faibles à très faibles, est d’une absolue nécessité .
Le choix des ailes est évidemment une question primordiale qui ne peut souffrir d’aucune approximation. Nous mettrons toute notre expérience à profit pour faire des choix exclusivement guidés par des intérêts techniques et de performance.
Il en va de même pour tout le matériel puisque l’expédition sera réalisée en totale autonomie pendant près de 60 jours.
Poids des traineaux
tractés par chaque expéditeur, au départ : environ 150 kg.